Un univers où le bleu, symbole du froid, cède le pas au rouge faisant écho à la chaleur qui rend la glace exsangue.
Disparu / Missing, Laurence Piaget-Dubuis, prise de vue 2016, installation photographique 200 x 140 cm, 2019
Photographies travaillées en relief à l’aide des couleurs rouge et bleu – vert décalées d’une distance qui correspond à l’espace entre nos deux yeux.
Le rouge, symbole du chaud, et le bleu, symbole du froid, ouvrent dans cette œuvre une métaphore sur le déplacement de la ligne d’équilibre glaciaire. La ligne d’équilibre sépare la zone d’accumulation de la zone d’ablation et correspond à l’isotherme du 0°C. Plus la ligne d’équilibre monte en altitude, plus le glacier fond.
Un lit permet de s’allonger. Souvent associé au repos et aux rêves, il est aussi parfois celui où l’on s’installe lorsqu’on est malade. La position horizontale du corps est également celle du défunt. Le lit de repos devient ici le lit de mort.
Le terme est également utilisé dans le jargon glaciaire pour décrire la roche sous la glace: on y parle du lit du glacier. Un mort, agonisant non par refroidissement, mais par réchauffement. Quelques objets disposés sur la table de chevet signent la tragédie: verre d’eau vide, sablier, cadre photographique souvenir…
Le mot de la curatrice
Engagée, l’installation MISSING / DISPARU de Laurence Piaget-Dubuis interroge l’avenir des glaciers. Avec sa vision 3D, elle évoque le chaud (rouge) et le froid (bleu) ainsi que la ligne d’équilibre glaciaire,entre les zones d’ablation et d’accumulation. Quant au lit en lui-même, il symbolise autant un terme utilisé dans le jargon glaciaire que la mort approchante du glacier
— MAÉVA BESSE
Historienne de l’art et commissaire
Laurence Piaget-Dubuis se revendique «éco-artiste». La Valaisanne qui travaille dans le secret de son atelier à la Ferme-Asile de Sion a conçu une installation sur mesure pour l’Espace Graffenried. Un lit évoquant aussi bien celui du glacier que le tombeau dont le drap-housse n’est autre qu’une photographie du glacier d’Aletsch laissant apparaître un trou béant. Lunettes 3D sur le nez, le visiteur découvre alors un univers où le bleu, symbole du froid, cède le pas au rouge faisant écho à la chaleur qui rend la glace exsangue. La déliquescence saute aux yeux, fait mal, interpelle, comme ce verre retourné qui renvoie à une source d’eau tarie ou ce sablier qui égrène le (peu) de temps à vivre des glaciers.
— Le Nouvelliste
«Exposition à Aigle: le poignant chant du cygne des glaciers», 29.10.2019.
Voir et revoir
EXPOS
04/10/2019 – 08/03/2020
Glaciers ultimes, expo collective, installation photographique, «DISPARU / MISSING», Espace Graffenried, Aigle, CH.
Commissaire Maéva Besse. Avec Emile Gissler, George Steinmann, Jacques Pugin, Laurence Piaget-Dubuis, Matthieur Gafsou, Thomas Fletchner.
08/09 – 29/12/2019
Causes perdues, rétrospective, Chapelle des Jésuites, espace d’art contemporain, Chaumont, F.
EN SAVOIR +
➔ Flyer de l’exposition Glaciers ultimes
ON EN PARLE
➔ Article du 24h
➔ Article du Nouvelliste
➔ Citation dans l’émission TV La puce à l’oreille